Constellation systémique anonyme

Dans cette expérience, il s’agit de travailler sans que la personne constellée ne donne aucune information.
Par exemple, la personne constellée place les personnages de son arbre dans le silence le plus complet, sans leur donner d’indication, ne serait-ce que sur le sexe ou le prénom du personnage.
J’ai même été jusqu’à laisser le hasard tout choisir : la personne constellée représente sur des bouts de papier chaque personnage de son arbre par un signe simple ou un numéro ; ensuite chaque figurant pioche au hasard un papier et avant de choisir lui-même sa place, il le montre au constellé pour que ce dernier soit le seul à savoir qui est qui.
La constellation commence donc dans l’anonymat le plus total. Ce n’est même pas le constellé qui assigne les rôles et les places.
Les figurants ne savent pas non plus le rôle des autres, ceci évite l’intervention de préjugés, de toute interprétation ou construction intellectuelle.
Et pourtant, malgré un démarrage plus difficile, la constellation familiale finit souvent par « parler » vraiment au constellé, sans que les figurants ne comprennent rien à ce qui se passe réellement, vu qu’ils ne savent rien de ce qu’ils sont sensés représenter.
L’intérêt de cette expérience est de confirmer la présence d’un « champ qui sait » sur lequel nous n’avons pas encore d’explication rationnelle.
Mais le fait que seul le constellé comprenne ce qui se passe est gênant, la constellation familiale reste centrée sur lui ce qui « ralentit » le processus.
Comme les figurants ne connaissent pas leur place, ils ne peuvent pas se relier consciemment à un travail dans leur propre arbre, ce qui s’est avéré beaucoup moins intéressant même de l’avis du constellé.
Cette expérience, en dehors du côté édifiant, m’a confirmé l’importance de l’implication de tous, de tous les arbres.
Un figurant passif, récepteur d’informations c’est bien, mais c’est encore mieux s’il peut être actif et apporter la richesse de son propre arbre.

Trans-constellations familiales méthode Eric Laudière.

En pratique thérapeutique, on remarque que le figurant, celui qui doit jouer un rôle, a été choisi parce qu’il a les mêmes blocages que le personnage qu’il représente.
Les réactions à ce blocage varient et changent en fonction des ressources personnelles de ce figurant.
Il apporte donc sa couleur personnelle à l’édifice. Plus cette couleur est éclatante, plus les autres peuvent en profiter.
Dans une constellation, nous pouvons parler de partage souterrain de ressources : les ressources personnelles de celui qui joue un personnage servent à débloquer les nœuds de l’arbre généalogique de celui qui a choisi le personnage.
Ce qui revient à dire que non seulement un « figurant » de la constellation a été choisi pour sa capacité à recevoir certaines informations, mais de plus, qu’il a les solutions en lui pour répondre à cette problématique…
En travaillant sur ce qu’il ressent à cette place, il aide concrètement à solutionner les problèmes de l’arbre généalogique.
Ce qui m’amène souvent à demander à des figurants d’« appeler » à leur tour d’autres figurants dont ils ont besoin pour aller mieux, des personnages de leur propre arbre, de faire leur propre constellation familiale afin de lever les blocages dans lesquels ils sont.
Ces blocages sont travaillés à deux niveaux, car ils appartiennent à la fois à la personne qui les a choisis au départ (le « constellé »), et à eux-mêmes (les « figurants ») .
Ce qui fait petit à petit cohabiter et travailler plusieurs arbres ou « bouts d’arbres », avec comme fil directeur la résolution de l’arbre de départ.
Cela devient une arborescence ! Plus un arbre, mais une vraie forêt ! Une arborescence : chaque branche travaillant « dans son coin » pour le bien commun.
Il arrive que dans la même constellation un petit groupe de personnes soit pris de fou rire alors qu’une autre partie est en larmes, sans que cela gêne le processus.
C’est donc le mélange de plusieurs arbres dans un même espace, mais fédérés, au service de l’arbre de départ.
L’expérience montre clairement que pour chaque arbre « secondaire » créé, qui permet de « libérer » un figurant, la situation générale, celle de l’arbre de départ se débloque et s’éclaircit de manière considérable.
C’est d’ailleurs cette expérience qui m’a donné la direction et donné l’envie de progresser dans cette voie.
Il arrive donc que j’ai à conduire en simultané plusieurs constellations familiales (la plupart du temps entre deux et quatre), les spectateurs assistent alors à l’impact évident qu’elles ont les unes sur les autres, par effet rebond, ainsi bien sûr que sur une résolution générale de toute la constellation.
Tous les participants apprennent corporellement, émotionnellement, que se faire du bien et faire du bien à l’autre peuvent être une seule et même chose.

Quand j’assiste à une trans-constellation, on dirait une rivière qui, pour arriver à son but, doit se dévier légèrement de sa pente naturelle, en fonction du terrain, obligée de passer par d’autres arbres, d’autres figurants, d’autres histoires, pour, en douceur, arriver à la mer.Marie G.

Multi–constellation familiale, constellation totale méthode Eric Laudière.

Il s’agit d’un exercice de voltige d’une grande puissance, que nous pratiquons dans les stages constellations familiales avancés ou les ateliers de recherche, car il demande une grande qualité de présence de la part des participants.
C’est jouer totalement la carte de « l’effet de champ ».
Il s’agit pour chaque individu du groupe d’être à la fois dans la projection de son arbre sur les autres et en même temps support de projection pour tous les autres participants… Imaginez qu’après une préparation sur la mémoire instinctive, une quinzaine de personnes projettent toutes leur arbre sur les autres, se le verbalisent et les mettent tous en place suivant un protocole qui leur permet de cohabiter.
Ce protocole fait appel à notre capacité à mémoriser inconsciemment, prendre des « photos » précises des évènements de manière plus sensorielle qu’intellectuelle.
Ce qui fait qu’au final chacun « trimbale » pas moins de quatorze (!) projections avec lui ! Et c’est possible !
Ce qui, à première vue peut paraître un sac de nœuds indescriptible, un méli-mélo innommable devient très vite une fantastique partie de ping-pong trans-familiale, comme une chorégraphie où des danseurs d’horizons radicalement différents trouveraient une vibration commune, un terrain de danse commun, et nous nous approchons du sentiment bizarre de faire la constellation familiale de l’humanité.
C’est un miracle de voir tous ces arbres s’harmoniser à travers des résolutions communes !
C’est un peu comme ces bancs de poissons qui passent d’une pagaille nombreuse et innommable à un banc harmonisé comme un seul corps tournant et virant dans une unité fascinante.
Parfois un à-coup, un choc, alors c’est une nouvelle pagaille, pour une nouvelle réorganisation et très vite le retour à l’harmonie. Un va et- vient permanent. Un aller-retour à l’unité. Un moment d’une intensité rare.
Il devient encore plus évident dans ce cas là que la raison (et la mémoire que nous utilisons habituellement) doit laisser la place à autre chose.
En effet, à ce niveau, il y a une telle surcharge d’informations que l’« ordinateur » lâche forcément prise. « Quelque chose » prend alors le relais, quelque chose de plus grand que chaque individu, quelque chose que Jung appellerait peut-être l’inconscient collectif ou la somme des inconscients transgénérationnels.
C’est ce qui nous a fait appeler, peut-être de manière un peu présomptueuse, ces nouvelles constellations des constellations totales…

Constellation familiales dans le noir

Nous pratiquons deux types de constellations familiales dans le noir :
– Un premier où le noir, en fait, n’y est que pour la personne qui fait sa constellation, cette dernière ayant les yeux bandés.
Dans ce premier cas, j’utilise souvent l’odorat.
Cette technique a été trouvée par hasard, alors qu’au cours d’une constellation, « Silence » était bloquée et disait ne pas pouvoir voir, qu’il fallait qu’elle touche du doigt, attrape la vérité ; alors je lui ai demandé de se bander les yeux et de travailler sa constellation familiale rien qu’au toucher et au son de la voix.
J’ai été surpris cette fois-là par le fait que même sans repère visuel, elle ne se trompait pas et savait tout au long de la séance qui était qui, malgré les déplacements successifs.
D’une part, rien qu’en touchant un personnage, elle pouvait retrouver son rôle et sa place ; d’autre part, ses récepteurs sensoriels lui donnaient une image correcte de la configuration dans la pièce.
Depuis, j’ai pratiqué la constellation familiale dans le noir quelques fois, quand je me trouvais devant des sentiments plus « primaires », des ressentis proches de l’animalité.
Les yeux fermés augmentent l’intériorisation et nous amènent à utiliser des sens plus « archaïques ».

Pour plus de détail, voir le livre d’Eric Laudiére, éditions Quintescence, « La constellation familiale est un JE »

– Un deuxième type de constellation familiale où le noir est effectif pour tout le groupe, moi y compris (je n’ai pas investi dans des lunettes à infrarouge…).
Il y a quelque chose de très animal dans ces constellations familiales.
Le fait de se sentir en lien ou pas devient très aigu.
Tout est dans les ressentis physiques qui sont perçus de façon plus aiguë dans le noir (ressentis parfois très archaïques…) ; chez certaines personnes, il peut y avoir des visualisations ou des flashs…
Il n’y a plus d’échanges de regards, les gestuelles ne peuvent pas être interprétées par le regard.
La question reste donc : « Comment je me sens et comment je sens l’autre, les autres ? », « Comment j’ai envie de me déplacer, vers où, sans savoir forcément vers qui ? »
Dans le noir, les déplacements laissent des places vides… Les ressentis d’abandon émergent plus vite et de façon plus forte.
La voix devient un élément prépondérant. L’obscurité permet également une certaine protection qui autorise un meilleur lâcher prise.
Ces expériences confirment ceci : en fait, le constellé n’a même pas besoin de voir ce qui se passe, son corps le lui apprend.
Dans une constellation familiale les yeux bandés, le jeune homme qui a les yeux bandés s’allonge par terre, pleure et geint de douleur, ceci est lié à une grosse souffrance dans sa branche paternelle, une relation pleine de mépris et de haine entre un grand-père et une grand-mère.
Au cours du travail, difficile, de réconciliation de ces deux figurants, ses pleurs augmentent et l’empêchent d’entendre ce qu’il se passe. Il ne peut ni entendre ni voir et pourtant, au moment exact où le grand-père prend la main de la grand-mère, il pousse un soupir de soulagement et arbore un sourire béat…
C’est aussi ce que j’ai pu vérifier dans les constellations familiales où je travaillais plusieurs noyaux en même temps (voir les trans-constellations familiales).
Par exemple, les figurants sont partagés en deux groupes qui travaillent en même temps des choses très différentes.
Le constellé est impliqué dans l’un des deux groupes, donc déconnecté de ce qui se passe dans l’autre groupe.
L’autre groupe travaille alors « apparemment » indépendamment.
Et pourtant… dès que ce groupe arrive à une résolution, quelque chose change chez tous les autres… et le constellé se sent mieux physiquement.

Constellation familiale et massage

Alexandro Jodorowsky utilisait une technique intéressante : se faire masser par son arbre généalogique.
Les masseurs entourent le constellé et sont assignés chacun, en fonction des projections du constellé, à une partie précise de son corps avec chacun des indications sur la manière de masser, toujours en fonction du rôle joué.
C’est une expérience forte d’être massé, touché, par son arbre généalogique.

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